
À la fin des années 1970 et au début des années 1980, Paris devient le théâtre d’une effervescence nocturne sans précédent. Au cœur de cette révolution festive, un lieu mythique s’impose : Le Palace. Ce club, ouvert en 1978 par l’audacieux Fabrice Emaer, marque l’apogée d’une époque où le mélange des genres, l’extravagance et la créativité règnent en maîtres.
L’origine du mythe du Palace
Ancien théâtre du début du XXe siècle situé au 8, rue du Faubourg-Montmartre, Le Palace est repris par Fabrice Emaer, déjà propriétaire du club gay Le Sept. Inspiré par le légendaire Studio 54 de New York, il veut créer un espace où se croisent artistes, créateurs de mode, musiciens, et figures de la haute société. Après des mois de rénovations somptueuses, Le Palace ouvre ses portes le 1er mars 1978, dévoilant un décor baroque et flamboyant, imaginé par Patrick Berger et influencé par les univers de David Bowie et Andy Warhol.
Une faune éclectique et glamour
Rapidement, Le Palace devient le centre névralgique de la fête parisienne. Il attire une clientèle hétéroclite où les mondes se mêlent sans distinction : designers de mode comme Karl Lagerfeld et Yves Saint Laurent, icônes du punk comme Malcolm McLaren et Vivienne Westwood, figures du disco comme Grace Jones et Amanda Lear, artistes underground et bourgeois bohèmes.
L’entrée n’est pas une question d’argent, mais de style. Edwige Belmore, la célèbre physionomiste punk aux cheveux platine, filtre les invités avec un sens aiguisé du cool. Une fois à l’intérieur, tout est permis : les drag queens côtoient les aristocrates, les travestis rivalisent d’extravagance avec les rock stars, et les excès de substances illicites alimentent cette atmosphère de liberté totale.
Des soirées cultes et décadentes
Le Palace est célèbre pour ses soirées à thème qui redéfinissent l’idée même de la fête. On y organise des événements hallucinants, comme la soirée blanche de Bianca Jagger, où tout le club est recouvert de draps immaculés, ou encore la soirée « Peau d’Âne » d’Yves Saint Laurent, où les convives arrivent déguisés en personnages de contes de fées.
La musique joue un rôle clé dans cette effervescence : disco, new wave, funk et électro préfigurent les tendances musicales à venir. Les DJ stars de l’époque, comme Guy Cuevas, font vibrer le dancefloor jusqu’au petit matin, tandis que des concerts exceptionnels voient le jour : Prince, James Brown, ou encore Grace Jones y enflamment la scène.
Le déclin et la fin d’un rêve
Après la mort de Fabrice Emaer en 1983, l’âme du Palace commence à s’étioler. La montée du SIDA, l’évolution des modes et le changement de génération mettent fin à cet âge d’or. Le club passe entre plusieurs mains, tentant de retrouver son éclat, mais la magie des premières années ne reviendra jamais complètement.
Aujourd’hui encore, Le Palace reste une légende absolue des nuits parisiennes, symbole d’une époque où Paris vibrait au rythme d’une liberté créative sans limites.
L’héritage de ces années fastes perdure dans la mode, la musique et l’art, rappelant que, durant quelques années magiques, Le Palace fut le temple de la fête et de l’insouciance.
Vous pouvez voir plus de photos des années Palace sur le site de Vogue